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AU CŒUR DES TENEBRES : DES EGLISETTES DE SOMMEIL DANS LE COLLIMATEUR DES AUTORITES ET DE LA PRESSE BRITANNIQUE

Par Norbert X MBU-MPUTU

L'Eglisette de Maman Olangi et les autres Eglisettes de sommeil doivent, dès lors, se savoir sous les projecteurs du pouvoir public et surtout de la presse britanique. Meilleure façon de réveiller la communauté congolaise de sa léthargie et surtout de sa torpeur légendaire qui lui fait souvent avaler même les conneries les plus lugubres et les plus révoltant . Parce que c'est elle, la communauté, qui donne occasion à des charlatans de pouvoir ainsi opérer.

« Des enfants sont renvoyés de la Grande Bretagne au Congo pour les délivrer du Kindoki »

D'ailleurs, malgré les insultes et malédictions, nous avions cru bon tirer sur la sonnette d'alarme en titrant, d'une façon lapidaire, « Eglisettes de sommeil »… Mais, alors qu'on pensait les linges salles se laver en famille (congolaise), ce sont les autorités et la presse britannique qui revient en charge contre ce qui devient un vrai virus, un vrai terrorisme religieux, le mot étant à la mode, ces nouveaux pasteurs qui prêchent d'autres évangiles, l'évangile de la prospérité ou de la servitude familiale ou encore celle du kindoki. Cette fois-ci, les pasteurs sont allé touchés un no man's land  : les enfants. Dans un pays où la Child Abuse Protection Act figure au premier degré des droits les plus élémentaires de tout individu, le pouvoir public, l'Etat, la presse, la police se sont décidés d'attaquer le mal à la racine. Pour le grand bien de la communauté congolaise elle-même. Mais, puisque dans ce pays aussi tout le monde bénéficie d'une présomption d'innocence, il faudra aux autorités des faits, des évidences, comme on le dit ici. Et les évidences se collectent surtout par la presse. Car, la presse ici est un vrai pouvoir. Comme évidence, cette fois-ci ce sont deux reportages, un publié dans le Magazine Live Night & Day Sunday, February 12 2006 sous le titre « Wicked beyond Belief » (pg. 22-27) et surtout un second documentaire sur BBC 2 « With Child » . Le sujet phare étant « le kindoki » ou mieux « les enfants accusés d'avoir le kindoki ».

Les faits sont connus de la communauté congolaise de Grande Bretagne. Depuis peu, des pasteurs commencent à devenir plus des apôtres du kindoki que des prédicateurs de la Bonne Nouvelle. On perdrait son latin à vouloir chercher à quoi rime ce revirement à 180 degré de l'Evangile. Le documentaire et le reportage partent d'un fait : un enfant congolais disparu des rues de Londres et qui, selon les informations, serait envoyé à Kinshasa. Le but de ce retour au bercail, retour qui ressemble à un exil forcé pour un enfant qui a grandi à Londres et dont l'anglais, parlé sur les rues de Kinshasa, ne peut que laisser stupéfait tout observateur ayant quelques notions de la langue de Shakespeare, est la Kindoki. En effet, un pasteur a révélé, ex cathedra, que l'un de ses fils a le kindoki. Le comble de misère est que le pasteur détecteur du Kindoki, par impuissance ou par théologie religieuse, oblige et convainc la dame de pouvoir renvoyer l'enfant à Kinshasa pour le faire délivrer dans leur permanence, leur quartier général. Cette fois-ci la fameuse Eglisette de sommeil n'est autre que l'églisette connue sous le nom célèbre de Maman Olangi.

Le journaliste qui suit le périple de l'enfant et de l'Eglisette de Londres à Kinshasa, avec un détour dans un village du Congo, à la rencontre d'un « nganga », fait une vraie descente aux enfers ou mieux un voyage aux cœur des ténèbres (Heart of Darkness).

Les “Nganga” affirment ne jamais appliquer des thérapéties corporelles pour enlever le Kindoki aux enfants

Alors que les parents et frères de la dame résidant à Kinshasa affirment bien que l'enfant leur a été envoyé pour le délivrer du kindoki, interrogée, la dame, habitant encore Londres dit l'avoir renvoyé à Kinshasa pour son éducation. Ce que dénie l'enfant interrogé à Kinshasa. Il n'arrive pas à comprendre les accusations portées contre lui par sa mère. Il est désemparé. De là à croire que le pasteur de l'Eglisette de sommeil a pu exercé , comme c'est souvent le cas, une vrai pression psychologique auprès de la femme pour ne jamais révéler ni son nom encore moins sa prophétie, il n'y a qu'un pas. D'ailleurs, tout le monde dans la communauté congolaise décrit et connaît ces histoires déjà nombreuses. Il faudra, pour preuve, les propos de Bikebi, dit Thomson, représentant la notabilité congolaise de Londres, pour s'en rendre compte du virus à exorciser. A l'allure où vont les choses, dit-il dans le documentaire, il est grand temps que la communauté puisse se lever et dénoncer les faits.

Nerfs de la guerre

Dénoncer les faits est une autre paire de manche. Car, il a fallu ce documentaire de BBC pour nous rendre compte de ce que représente nos Eglisettes, à la fois à Kinshasa et leur transplantation au-delà des frontières. Les exorcismes pratiqués par les Eglisettes de sommeil à Kinshasa sont proches du cannibalisme. Alors que le « nganga » rencontré dans un village lointain atteste que dans la pratique traditionnelle africaine du kindoki, jamais des rituels portant atteinte à la vie des enfants n'ont jamais été réalisés pour enlever le kindoki, car, vrai « prêtre », le « nganga » s'attaquent non pas au kindoki, mais au mal, les pasteurs pratiquent des opérations, des incisons, ave du matériel dont la stérilisation est loin d'être garantie, sans anesthésie, et surtout avec une telle cruauté proches des rites sauvages disparus voici belle lurette. Ces hommes et femmes, obligeant parfois les enfants à rester a jeun anda affamé pendant des dizaines de jour, attestent, à qui voudraient les entendre que c'est sur ordre de l'Esprit Saint qu'ils ont reçu cette mission. Il faudra simplement regarder leurs yeux briller sur les objectifs des caméras pour se rendre compte que ces rituels sont loin du pauvre Esprit Saint.

Pasteur Shabani… Le Kindoki n'est pas un problème

Car, si en Afrique et au Congo, on croit savoir que c'est la crise qui pousse certains charlatans à se faire pasteurs, ouvrant de vrais ligablo, en Europe, le goût du lucre, les costumes, chaussures et voitures de luxe, devenant la nouvelle mode de concurrence des pasteurs, les poussent aujourd'hui à de telles pratiques. Car, si l'enfant est ainsi renvoyé au pays, qu'en devient-il de ses bénéfices octroyés par le gouvernement ? Il semble selon toute vraisemblance que les pasteurs s'en servent comme dîme. Ce que disent les enfants qui ont subis de tels traitements, dans un pays où le pouvoir public avait un brin de responsabilité dans le culot, auraient mis la main sur toutes ces personnes. Hélas… Le verdict d'un enfant de rue interviewé est claire : « c'est nous autres qui payons les frais de ces pratiques. Nous souffrons à cause d'eux ».

“Un enfant de Dieu ne doit pas avoir peur du Kindoki”

Certes, comme l'a bien montré le documentaire, ils ne sont pas tous charlatans. Certains pasteurs s'illustrent par des enseignements positifs et surtout droits. Mais, leur nombre serait en diminution que la prudence exigerait peut-être qu'on les considère tous comme pêcheurs en eau trouble avant de pouvoir séparer le bon grain de l'ivraie. Dorénavant, les pasteurs des Eglisettes des sommeil et leurs permanences/quartiers généraux de Kinshasa, auront du mal trouver un bon terrain pour prêcher leur nouvelle évangile. Hélas, les femmes, comme toujours les mamans, aveuglées comme toujours, sont prêtes et nombreuses à leur prêter foi. Surtout depuis que les pasteurs ont trouve comme un autre terrain de prédilection demander aux mamans de pouvoir chasser leurs maris pour qu'ils les remplacent, par la volonté de Dieu. Des cas scandaleux sont nombreux à pouvoir illustrer les propos : des pasteurs qui demandent et font des visites et des attouchements sexuels aux femmes « mariés » pour les délivrer de certains démons spéciaux et dangereux…

Le projet violet

Pour attaquer le mal à la racine, les autorités ont ainsi mis en place le Projet Violet Pilote pour pouvoir venir en aide à la communauté. Dès lors, une autre question, où sont ces leaders des communautés ? Que font-ils ? Qu'ont-il fait ?… la communauté congolaise serait-elle réellement en crise de leadership dans tous les domaines et ainsi, la nature ayant horreur du vide, les pasteurs des Eglisettes de sommeil se trouvant sur le devant de la scène, bon gré mal gré ?

Souvent approchés ou interrogés, ces pasteurs de ces Eglisettes de sommeil brillent par une arrogance à peine croyable. Le journaliste qui est allé interviewé un de ces pasteurs à Londres, comme l'a d'ailleurs montré le documentaire, comble de misère, a été prié tout simplement, avec une arrogance dont on les connaît, de vider les lieux parce que les minutes d'entretiens négociés étaient épuisées. En fait le message est claire : les chrétiens à exploiter sont leurs domaines réservés, leurs champs de manioc, « bilanga na bango », leurs boutiques, leurs « ligablo », comme on le dit au Congo. Espérons que l'association des pasteurs congolais nouvellement créée à Londres essayera de rectifier les tires. Sinon, le discrédit risque d'être total. Ils sont justes, mais pas tous, avertit la Bible. Mais, au point où nous en sommes, il serait peut-être plus prudent de commencer à les considérer comme faux « pasteurs » avant de pouvoir séparer le bon grain de l'ivraie.

Norbert X MBU-MPUTU,
Freelance journalist and Writer
Newport, Wales
norbertmbu@yahoo.fr

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