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L'APARECO REPRESENTE-T-ELLE ENCORE CETTE ALTERNANCE A LA MEDIOCRITE ET AU FOLKLORE POLITIQUE CONGOLAIS ?

C'est Herman Nzeza qui rapporte souvent cette histoire d'une jeune dame, ayant la quarantaine et vivant dans une petite ville d'asile et d'exil en Belgique, abandonnée de tous. Jadis étudiante à l'Institut Supérieur de Commerce de Kinshasa, elle rêvait d'un avenir meilleur et croyait en l'idéal du changement incarné alors par la Conférence Nationale Souveraine. Qui n'aurait pas rêvé mieux ! Puis, elle fut au nombre de ceux qui, le 16 février 1992, ont marché pour la réouverture de la Conférence Nationale. Fauchée, elle s'est retrouvée avec une jambe presqu'amputée et n'a pu s'exiler en Belgique que grâce à un bon samaritain qui avait accepté de supporter les frais divers. Aux dires d'Herman, à chaque fois qu'elle voit les gens du pays, elle se cesse de poser la question, désespérément : à quand finalement l'avènement du changement ? Telle devrait être la question à poser aux acteurs politiques congolais d'aujourd'hui. Plus loin, la grave erreur du processus actuel qui a conduit aux élections fut sans nul doute d'avoir oublié volontairement cet héritage de lutte contre la dictature. Ce pays a connu un élan démocratique qui est jour s'est trouvé empêcher de faire son bonhomme de chemin. D'où la question à se poser : les fameuses élections organisées, financées, soutenues militairement, ont-elles réellement apporté le changement tant souhaité par nos populations. En tout cas, la première année de la gestion du régime de Joseph Kabila issu des élections nous pousse à répondre par la négative.

Hélas, de l'autre côté aussi, les partis d'opposition sont loin de se présenter comme cette alternance crédible. Le peuple se trouve alors comme dans une vraie aventure ambiguë, ne sachant plus où se donner la tête. Parmi ces parti politiques nouveaux, mais ressemblant souvent à un vieux vin sur une outre neuve, figure l'APARECO. Depuis plus de deux ans, le parti d'Honoré Ngbanda, passe pour être ce nouveau parti ou ce nouveau regroupement politique voulant incarner le changement et rêvant à l'alternance au pouvoir actuel de Joseph Kabila et son PPRD, de gré ou de force. Certes, deux ans n'est pas trop pour évaluer une action politique, il nous est un impérieux devoir de pouvoir, continuellement, en faire une évaluation, pour qu'ils ne puissent pas nous drainer, comme souvent les politiques et leurs partis, vers un cul-de-sac. Car, surtout dans la diaspora, l'APARECO chahute, inonde l'Internet des messages, des révélations, des stratégies, des communiqués. Et, tout un chacun est en droit de se poser nombreuses questions à ne pas se cacher.

L'occasion rêvée pour l'APARECO de convaincre fut sans doute cette réunion le samedi 22 septembre 2007 au quartier Tottenham au nord de Londres où elle venait, nous a-t-on dit, mobiliser et raviver sa jeunesse sur le thème : prêt pour le sprint final . Devant près d'une centaine de personnes, même si le nombre des jeunes était à compter sur les doigts d'une seule main, le pasteur Makolo, Secrétaire Exécutif chargé de la Mobilisation a affirmé, urbi et orbi , que jamais l'APARECO n'avait été aussi près de la victoire finale, en précisant «  …les congolais dormiront le premier jour, le deuxième jour, mais se réveilleront le troisième jour avec l'APARECO au pouvoir à Kinshasa » . Il n'y a pas à poser de questions sur les stratégies car, comme l'a bien illustré Monsieur Kanda Bongo Man, Conseiller chargé de la Mobilisation, avec ses contacts, l'intelligence qu'on lui reconnaît, avec le flux d'informations en sa possession, le président de l'APARECO, Monsieur Honoré Ngbanda, ressemble à ce commandant de bord d'avion qui, alors que le commun des mortels ne voit que nuages et brouillard, peut rassurer et annoncer qu'on atterrira bientôt. Car, à la même image, « lui » étant en contact avec la tour de contrôle, il n'est pas indiqué de demander qu'il se mette à expliquer ce qui lui a prit tant d'années d'études et d'expériences en un si laps de temps. Puis, le sieur Kanda Bongo évoqua d'ailleurs l'exemple de la chute d'Idi Amin Dada vécu par lui-même à Kampala, pour dissiper les doutes et critiques possibles… Cela rappelait, comme l'a commenté un interlocuteur, à ces politiciens des indépendances qui avaient promis, lors des meetings, apporter l'indépendance dans leurs poches.

D'ailleurs, le président de l'APARECO Grande-Bretagne, Monsieur Amisi Kiloso, s'est félicité de la réussite de cette « mobilisation » et surtout pour la tenue de ce rassemblement à Londres. Londres où, question de le rappeler, devient le porte-étendard de la contestation anti-kabiliste avec les combattants et ou résistants « qui dégagent une vraie énergie à canaliser » , aux dires de Monsieur Makolo. N'est-ce pas de cette ville qu'est parti l'appel du Général de Gaule pour la résistance française contre l'occupation allemande pendant la deuxième guerre mondiale ? Or, le combat de l'APARECO, a stipulé l'interlocuteur du jour, est un combat noble pour la « terre », bien inaliénable pour tout individu, une terre congolaise entre les mains des étrangers chapeautés par Joseph Kabila désigné tout au long des assises par ce pseudonyme que lui accorde toujours l'APARECO « Hyppolite Kanambe » ou « mwana ndeke » .

Au-delà de ces messages mobilisatrice et propagandistes, il subsiste plus d'une question et observation et l'APARECO y aurait intérêt à pouvoir s'y pencher et à y trouver des réponses adéquates.

En effet, comme l'ont demandé certains intervenants à l'instar de Monsieur Claude Kipele, venu expressément de Cardiff au Pays de Galles, est-ce que l'APARECO ne donne-t-il pas l'impression de remplacer aujourd'hui le parti-Etat de triste mémoire où la critique et les critiques tendent à ne pas être les biens venus ? Même si l'APARECO dit ne pas lutter pour conquérir «le pouvoir pour le pouvoir», la personnalité de Monsieur Honoré Ngbanda, avec le passé qu'on lui attribue, passé qui, malgré les pardons qu'il a demandé à plusieurs reprises, risque de constituer un vrai un frein à cet idéal de rassemblement prôné. Car, en terme d'alliance, l'APARECO entend une alliance autour de son président, tous et tout lui doivent obédience ! C'est ainsi que nous entendrons, abasourdis, que les autres opposants actuels se trouvant dehors, le pasteur Théodore Ngoy, Madame Marie-Thérèse Nlandu, pour ne citer que ces deux exemples, devront rejoindre la barque, mais qu'il n'existerait pas ainsi aucune stratégie interne du parti pour approcher les autres forces vives du changement ! Au lieu d'un appel interposé via une réunion publique et via la presse interposée, l'APARECO ne gagnerait-elle pas à approcher ces fils du pays ayant mené un combat politique au risque de leurs vies, ayant passé des mois en prison, ayant parfois tout perdu, à l'instar du pasteur Théodore Ngoy dont la résidence fut brûlée par les hommes du pouvoir actuel, et qui sont contraint à l'exil à cause d'un tel dont les méthodes sont qualifiés par Mme Nlandu proche de la gestapo hitlérien. En outre, l'APARECO doit savoir que la situation actuelle des étrangers venus spolier les terres et surtout l'avènement de l'AFDL avec tous les maux qu'on lui reconnaît aujourd'hui, sont tributaire d'abord d'une vision figée des mobutistes décidé à torpiller tout effort de vraie démocratisation et d'alternance au pouvoir à Kinshasa. L'UDPS et les autres oppositions pourront en dire plus. Dès lors, ce nouvel évangile prêché par Ngbanda et l'APARECO passera difficilement, à cause de la personnalité de son président et de sa place dans la gestion passée et catastrophique du pays ayant conduit à l'imbroglio actuel. Même si, il est vrai, les analyses de Ngbanda, les révélations font montre d'un savoir et surtout d'un réseau secret qui lui est encore fidèle. Ces ressources sont certes nécessaires et indispensables pour le combat, mais de là n'est-ce pas forcer la dose qu'à le revoir au-devant de la scène ? Ne serait-il pas plus bénéfique pour l'APARECO de voir émerger une autre personnalité moins controversée et avec un passé plus propre, comme en Côte d'Ivoire avec Guillaume Soro, où tout le monde sait que les vrais patrons de l'opposition sont Ouattara et Bédié. Car, si c'est avec raison que l'hymne de l'APARECO soit de lutter pour la terre, « likambo na mabele » , pour la patrie et pour la nation congolaises, hypothéquées aujourd'hui par le pouvoir AFDL et Kabila. A cela vient aussi la terrible question des démissions en cascade qui sein de la machine APARECO. Certes, l'on se plairait à attribuer les démissions à ce désir des congolais de vouloir «le pouvoir pour le pouvoir» et surtout de contester tout leadership, mais lorsque des messieurs et des dames, et non pas des moindres, quittent la barque de l'APARECO, ce ne sont ni des faits légers encore isolés. En effet , à en croire les lettres des démissions publiées et en examinant plus en profondeur, l'APARECO dans sa gestion quotidienne ne donne en rien l'image d'un parti qui, demain au pouvoir, serait partisan de la démocratie. Le danger d'une idéologie à la MOPAP, aux troubadours de « dialelo », c'est-à-dire se résumant en ce que l'abbé Makamba nommait jadis la « bo ngaimanie » de triste mémoire, est toujours présent.

Malgré la mobilisation dernière à Londres, il subsiste des questions importantes en quête de réponse et surtout il faudra à l'APARECO un vrai effort de réévaluation d'idéologie, des stratégies, des moyens et méthodologie de mobilisation, de gestion de l'information, pour pouvoir penser demain devenir une vraie alternative au pou voir actuel de Kinshasa. Son message actuel étant « tous debout pour la victoire finale » et plus récemment « on est à 100 mètres de la ligne d'arrivée »  ; qu'adviendra-t-il si demain, dans deux mois, quatre mois, dix mois, une année, l'APARECO ne parvenait pas à renverser les choses à Kinshasa et surtout même ayant réussi à les renverser, elle ne parvenait pas à faire gérer le pays différemment ?

Certes, ceci ne donne pas de l'eau au moulin du PPRD au pouvoir de Joseph Kabila qui tarde aussi à convaincre qu'il peut bien capitaliser les aspirations des congolais. Beaucoup de trous noirs et des questions sans réponses. Est-ce que verrons-nous demain l'APARECO faire alliance avec le PPRD lorsque celui-ci lui offrira une possibilité d'entrée au gouvernement, c'est-à-dire de gérer la chose publique ou mieux d'avoir «le pouvoir pour le pouvoir», comme d'ailleurs ce fait tout aussi étonnant de voir un fils de Mobutu faire alliance avec un fils de Kabila ?

En tout cas, dans l'environnement politique actuel, l'APARECO a encore du chemin à parcourir pour convaincre. Certes, on sait que le PPRD qui ne jure que par le démantèlement de l'APARECO et de toute opposition, multipliera des tentatives de déstabilisation s ou de corruption s ou profitera des défections pour pêcher des troubadours; mais cela ne veut en rien dire que l'APARECO ne doit pas se faire violence, se lancer dans une autocritique interne, s'engager dans une remise en question de son action, de son idéologie, voire de son projet de société. Une telle « refondation » ne dit pas qu'il faudra nécessairement déboulonner son président national, mais il faudra que ce dernier fournisse un travail intense de conviction pour montrer qu'il a changé et qu'il prônera désormais des valeurs républicaines et démocratiques. Sans ce travail interne, l'APARECO ne représentera pas l'idéal de l'alternance à la médiocrité actuelle au pouvoir à Kinshasa et surtout continuera seulement à relayer dans la diaspora, sans pouvoir convaincre ni atteindre les populations, un folklore politique similaire à celui des messieurs au pouvoir à Kinshasa . Et si les autres partis, leaders pouvaient aussi commencer leur remise en question, leur auto-évaluation, nous osons croire que le changement souhaité arrivera bientôt.

Hélas, pour l'APARECO, la liste des démissions des cadres s'allongeant est une véritable gifle et dénote d'un climat interne malsain. En pleine rédaction , nous venons d'apprendre que le Président de l'APARECO à Berne en Suisse Jo Moubiala s'est départi de « l'alliance », à l'instar de Paul Kapita qui était Secr étaire Général Adjoint de l'APARECO, Jean-Bernard Issekya qui était Vice Président de l'APARECO pour le Royaume Uni et Myriam Luzeka qui était sa collègue avant de rejoindre le Cabinet du Président National en tant que Conseillère à l'Administration et au Secrétariat, sans parler des autres. Sans vouloir porter préjudice, devant ces démissions du sein d'une formation politique, on est en droit de se poser des points d'interrogation de taille, si pas des points d'exclamation tonitruants. Honoré Ngbanda a la verve oratoire, ses ouailles aussi, mais l'heure est peut-être venue de poser des actes...ne fut-ce que pour ce « sprint final ». A moins que le souffle lui vienne un jour du PPRD au pouvoir aves ses nombreuses erreurs aussi.

Norbert MBU-MPUTU

United Kingdom

 

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