RDC: Kabila nomme un nouveau chef d'état-major, la rébellion avance, l'ONU accuse
GOMA (AFP) - 17/11/2008 21h03 Le président Joseph Kabila a nommé lundi un nouveau chef d'état-major à la tête des armées, après une nouvelle avancée de la rébellion dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) en violation de son propre cessez-le-feu selon l'ONU.
"Vu la nécessité et l'urgence", le général Didier Etumba Longomba a été nommé chef d'état-major, en remplacement de Dieudonné Kayembe, selon une ordonnance du chef de l'Etat lue à la télévision nationale.
Le général Longomba, qui a servi dans les ex-Forces armées zaïroises (FAZ), est originaire de la province de l'Equateur (nord-ouest) et dirigeait jusqu'à présent la force navale.
Ce changement à la tête des armées intervient alors que l'armée congolaise a subi ces dernières semaines plusieurs défaites dans la province du Nord-Kivu face à la rébellion de Laurent Nkunda, qui est positionnée depuis fin octobre aux portes de Goma, la capitale provinciale.
Des soldats de l'armée régulière se sont en outre livrés à de nombreux pillages et exactions fin octobre à Goma et la semaine dernière dans la région de Kanyabayonga (100 km au nord de Goma).
Dimanche, la rébellion du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) avait enregistré un nouveau succès en s'emparant de plusieurs localités au sud-est de Kanyabayonga, dont le bourg de Rwindi.
La Mission de l'ONU en RDC (Monuc) a dénoncé ces attaques du CNDP comme "des violations du cessez-le-feu" alors que le même jour la rébellion réaffirmait, devant l'envoyé spécial de l'ONU Olusegun Obasanjo, respecter le cessez-le-feu qu'elle a décrété le 29 octobre.
De son côté, le CNDP a justifié son avancée par les "provocations" de l'armée régulière qui, en trois jours, aurait "multiplié les attaques sur le secteur" de Rwindi.
Lundi, ces "provocations" se seraient poursuivies à Vitshumbi, à une quinzaine de km au nord-est de Rwindi, selon le CDNP, mais la situation est restée calme toute la journée.
Le CNDP a assuré faire preuve "de retenue" et ne pas avoir "répondu aux tirs adverses, car il tient à respecter le cessez-le-feu afin de donner pour la énième fois une chance à la paix", au lendemain de la rencontre entre son chef Laurent Nkunda et M. Obasanjo.
A l'issue de l'entretien entre les deux hommes en zone rebelle, M. Nkunda avait affirmé vouloir négocier un cessez-le-feu avec le gouvernement. L'ancien président nigérian avait pour sa part annoncé être parvenu à un accord avec le chef du CNDP pour la création d'un comité tripartite de surveillance de la cessation des hostilités.
Aucun cessez-le-feu n'a encore été conclu entre armée et rebelles depuis la reprise des combats à grande échelle fin août dans la province du Nord-Kivu.
A Nairobi lundi, à l'issue de ses consultations en Angola, en RDC et au Rwanda, M. Obasanjo a assuré que l'ex-général Nkunda serait prêt à réintégrer l'armée congolaise en échange de garanties internationales.
Selon M. Obasanjo, le chef rebelle, qui a pris les armes notamment après l'échec de l'intégration de ses hommes au sein de l'armée congolaise, "discute" de nouveau "de l'intégration de ses soldats dans l'armée nationale".
Selon une note interne de la Monuc, Nkunda a plus précisément exposé huit principales revendications au médiateur de l'ONU, parmi lesquelles: des négociations directes avec le gouvernement, la neutralisation des rebelles hutus rwandais, la protection des minorités, l'intégration des combattants rebelles au sein de l'armée.
Il a également exigé la renégociation des contrats signés par Kinshasa avec la Chine, aujourd'hui l'un des principaux bailleurs de fonds de la RDC.
Curieuse coïncidence, dans son ordonnance lue lundi soir à la télévision, le président Kabila a ordonné la création de nouveaux organismes publics liés aux intérêts chinois: le Bureau de coordination et de suivi des accords entre la Chine et la RDC, et l'Agence congolaise pour les grands travaux.
Les Chinois investissent énormément en RDC, immense pays d'Afrique centrale qui regorge de ressources minières, où ils construisent des routes, des logements et des hôpitaux et sont très présents dans le secteur minier.
© 2008 AFP
© Congo Vision RDC - L e général Didier Etumba Longomba : nouveau chef d'état-major des armées
GOMA (AFP) Le président Joseph Kabila a nommé lundi un nouveau chef d'état-major à la tête des armées, après une nouvelle avancée de la rébellion dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC) en violation de son propre cessez-le-feu selon l'ONU .
"Vu la nécessité et l'urgence", le général Didier Etumba Longomba a été nommé chef d'état-major, en remplacement de Dieudonné Kayembe, selon une ordonnance du chef de l'Etat lue à la télévision nationale.
Le général Longomba, qui a servi dans les ex-Forces armées zaïroises (FAZ), est originaire de la province de l'Equateur (nord-ouest) et dirigeait jusqu'à présent la force navale.
Ce changement à la tête des armées intervient alors que l'armée congolaise a subi ces dernières semaines plusieurs défaites dans la province du Nord-Kivu face à la rébellion de Laurent Nkunda, qui est positionnée depuis fin octobre aux portes de Goma, la capitale provinciale.
L'ONU étudie l'envoi de 3000 casques bleus supplémentaires
Mardi 18 novembre 2008
Le Conseil de sécurité de l'ONU étudie un projet de résolution pour renforcer l'effectif de la Mission des Nations unies en République démocratique du Congo (Monuc). Le projet prévoit l'envoi de plus de 3 000 casques bleus supplémentaires.
NATIONS UNIES - Le Conseil de sécurité des Nations unies espère pouvoir voter dans la semaine un projet de résolution augmentant les effectifs des casques bleus déployés en République démocratique du Congo, a-t-on appris lundi de source diplomatique.
Ce projet de texte, rédigé par la délégation française à l'Onu, répond aux mises en garde lancées par l'Onu face à la dégradation de la situation dans l'est de la RDC, où les affrontements entre les rebelles de Laurent Nkunda et les forces gouvernementales congolaises ont déplacé quelque 250.000 personnes.
Le projet de résolution, que Reuters s'est procuré, autoriserait un renforcement sur une base temporaire des effectifs militaires de la Mission de l'Onu au Congo (Monuc) de 2.785 soldats; 300 policiers supplémentaires iraient parallèlement consolider ses effectifs policiers.
La Monuc, qui représente déjà la principale force de maintien de la paix de l'Onu dans le monde, dépasserait les 20.000 hommes, dans un pays grand comme l'Europe occidentale.
La résolution, à laquelle sont associés les Etats-Unis, la Grande-Bretagne et la Belgique, ancienne puissance coloniale du Congo, engage le commandement de la mission de l'Onu à concentrer ces renforts sur la protection des civils et l'exhorte à se conformer à des "règles d'engagement solides".
"Nous espérons que le Conseil de sécurité pourra voter sur ce projet dans les tout prochains jours", a dit un diplomate du Conseil de sécurité s'exprimant sous couvert d'anonymat.
Selon Alain Le Roy, secrétaire général adjoint de l'Onu chargé des opérations de maintien de la paix, il faudra compter un délai de deux mois environ pour que ces renforts, une fois autorisés, prennent position en RDC.
France 24
© Congo Vision
Congo : les rebelles se jouent de l'ONU
LE MONDE | 17.11.08 | 10h43 • Mis à jour le 17.11.08 | 10h45
Pour une petite guerre confuse, on ne saurait rêver cadre plus idyllique. L'affrontement, dans l'est de la République démocratique du Congo (RDC), entre les rebelles du Congrès national pour la défense du peuple (CNDP) et les forces loyalistes congolaises a lieu juste là, quelques virages plus loin, dans les herbes du parc des Virunga. Les forces gouvernementales tenaient cette partie du parc semé de volcans avec l'appui des Hutu rwandais, les Forces démocratiques pour la libération du Rwanda (FDLR).
Plus bas, un troupeau d'éléphants broute l'herbe haute et constelle la piste de déjections énormes. Des babouins olive lancent une attaque surprise sur un manguier. Sur les pentes des volcans, les gorilles de montagne se terrent. Le parc a cessé d'être une destination touristique de choix; les rangers ont fui la guerre; on tue les antilopes à l'arme automatique.
Un camp des FDLR était installé là. Il était occupé, à l'origine, par d'ex-miliciens et soldats rwandais impliqués dans le génocide rwandais de 1994. Près d'un million de morts et un cataclysme régional. Depuis, les ex-génocidaires se sont installés dans des bases arrière de l'est de la RDC et se battent aux côtés des forces loyalistes congolaises, qui reculent face aux rebelles du CNDP, soutenus par le pouvoir rwandais. Aujourd'hui, la coalition loyaliste cède du terrain face aux rebelles de Laurent Nkunda dans la partie centrale du parc, ouvrant la voie de Kanyabayonga, importante bourgade plus au nord. Pour la Mission des Nations unies au Congo (Monuc, 17 000 hommes), c'est le moment de tenter de s'interposer.
"LES REBELLES ONT SIX BATAILLONS, LES LOYALISTES EN FACE ONT UNE BRIGADE, ET MOI J'AI DOUZE HOMMES"
"Ils n'écoutent rien ! Ils n'écoutent rien" , s'indigne un officier indien de l'ONU, qui a arrêté ses deux blindés BMP au milieu des hautes herbes de la savane pour être certain de ne pas être pris dans les combats, et tente de faire entendre raison aux deux camps. "Les rebelles ont six bataillons, les loyalistes en face ont une brigade, et moi j'ai douze hommes. Comment je peux faire pour montrer ma force et faire cesser le combat ? Je ne suis pas Rambo !" L'officier a vécu, tout au long de ces derniers jours de progression des rebelles, les avanies du fonctionnement d'une mission de maintien de la paix qui se trouve débordée par l'accélération des actions militaires et se retrouve démunie.
Au milieu du parc, l'herbe brûle encore. Des tas de douilles sur le sol, des boîtes de munitions éventrées, racontent l'affrontement qui vient juste de s'interrompre. Les troupes gouvernementales et leurs alliés refluent vers leur position de Rwindi, à huit kilomètres.
Côté rebelle, on avance, on contrôle, on se déploie. A la manœuvre, il y a là le commandant Faustin "Zéro Bravo", vétéran des rébellions congolaises et qui commande une des unités d'élite du CNDP. Les rebelles avancent dans des 4×4 dérobés aux forces gouvernementales dans les derniers combats. Ils n'ont pas pris la peine d'en arracher les plaques d'immatriculation. Ils ont aussi amené un canon bitube monté sur un camion, autre prise de guerre aux forces loyalistes en déroute.
Juste à quelques kilomètres, une poche de forces gouvernementales est en train de se constituer. Les Forces armées de RDC (FARDC) et leurs alliés hutu rwandais se sont repliés là-bas, sans savoir que le CNDP s'était déjà infiltré à travers le parc dans leur dos, et coupe la route vers Kanyabayonga, verrou de l'accès au nord de la région. Passe un des six hélicoptères d'attaque Mi 17 de la Monuc, avec ses paniers lance-roquettes. Le bitube le met en joue et suit sa progression dans le ciel.
La Monuc a entrepris de négocier avec les deux camps. Au milieu de nulle part, une table est dressée, où s'organisent des pourparlers entre officiers de la mission onusienne et commandants rebelles.
Des coups de téléphone sont passés pour faire la même chose avec les commandants loyalistes. "On essaie de les convaincre que les FARDC et les FDLR doivent être extraits de cette zone, sinon beaucoup de sang va couler" , assure l'officier onusien qui supplie "qu'on ne donne pas son nom" .
Au même moment, le facilitateur nommé par les Nations unies, l'ex-président nigérian Olusegun Obasanjo rencontre Laurent Nkunda, le chef rebelle, à une cinquantaine de kilomètres plus au sud.
"Ils négocient d'un côté, ils se battent de l'autre, soupire l'officier indien. Mais cette fois, s'ils refusent de cesser les combats, nous devons faire une démonstration de force." . En l'occurrence, envoyer des hélicoptères de combat.
Auront-ils le droit d'ouvrir le feu ? Seulement si une hiérarchie complexe en donne l'ordre, combinant les avis des Nations unies et celles des capitales ayant envoyé des troupes. "A chaque fois qu'on fait de l'interposition, les FARDC se mettent juste derrière nos positions et pilonnent les rebelles" , analyse, avec découragement, une source onusienne bien informée sur les procédures d'engagement de la mission onusienne. "Ensuite, ils lancent des offensives qu'ils ne sont pas capables de mener à bien, et c'est Waterloo."
Jean-Philippe Rémy © Congo Vision
Réaction autour de la rencontre de Jomba
Le sénateur Henri-Thomas Lokondo : « Obasanjo a été piégé par Nkunda »
Par Freddy Monsa Iyaka Duku
Le temps d'observation et d'écoute passé, les réactions commencent à tomber sur la rencontre de Jomba entre l'ancien président nigérian, le général Olusegun Obasanjo et le chef rebelle Laurent Nkunda. La première est celle du sénateur Henri-Thomas Lokondo, membre de la Commission des relations extérieures du Sénat. Les images qu'il a suivies, les propos qu'il a entendus l'ont frustré. Il ne cache pas son indignation : « J'ai la conviction qu'Obasanjo a été piégé par Nkunda. Car le passage en revue des troupes du CNDP et l'accolade avec Nkunda le met, à mon humble avis, dans une position délicate vis-à-vis de l'opinion congolaise quant à sa neutralité. Je n'ai pas compris comment une personnalité comme Obasanjo puisse s'être laissé aller de façon… Vous savez, dans ce genre de médiation, il est impérieux de tenir compte des détails diplomatiques et protocolaires ».
Il en vient par conséquent à parler du cessez-le-feu : « Quant il dit qu'il faut être à deux pour danser le tango, cela veut dire en d'autres termes qu' il faut des négociations directes avec le gouvernement. Il met là à rude épreuve les institutions légitimes issues des élections. Bien plus, une croix sur l' Accord de Nairobi et les Résolutions du Conseil de sécurité qui ont réaffirmé leur confiance au Programme Amani comme cadre approprié pour le dialogue politique ».
D'où cette interrogation du sénateur Lokondo sur la résolution 1794 du 21 décembre 2007 qui avait qualifié Nkunda de « milice dissidente » et exigé clairement sans autre forme de procès son « désarmement par la MONUC », au même titre que les FDLR et les ex-Far/Interahamwe.
TELESCOPAGE DIPLOMATIQUE
Le sénateur Lokondo est pessimiste. Il ne s'attend pas à de bons résultats pour la simple raison que lorsque les initiatives diplomatiques se télescopent, avec un fond de rivalité, les résultats ne peuvent être positifs. Et d'étayer ses propos en ces temps : « Louis Michel, sur TV 5 et depuis Strasbourg, a dit publiquement au nom de l'Union européenne qu'il avait dit à Nkunda que l'Europe ne peut accepter qu'une rébellion mette en cause les institutions issues des élections ».
Ce qu'il avait poussé à souhaiter le renforcement du mandat de la Monuc avant de préciser que la « RDC est victime de ses ressources naturelles ». « Qui croire finalement dans cette communauté internationale qui n‘a plus de visage, plus de cohérence ? s' est exclamé le sénateur Lokondo.
Sans pour autant rejeter l'idée du dialogue, le sénateur s'interroge sur les termes de référence de ces négociations : « Obasanjo était avec nous à Sun City lors du Dialogue intercongolais. Il était même Président de la Commission politique. Il sait d'où nous venons. S'agit-il maintenant de tout recommencer pour une énième transition, pour un nouveau partage équitable et équilibré du pouvoir, en vue d'organiser d'autres élections ? Que ceux qui soutiennent qu'il faut de nouvelles négociations en dehors du Programme Amani, qu'ils nous donnent les termes de référence pour fixer les Congolais une fois pour toutes. Il faut qu'on soit clair. Il n'y a pas de sujets tabous pour la survie de l'Etat ». Le débat est lancé.
Le Potentiel © Congo Vision
Sélection de Kyalumière International .
Les 8 revendications de Nkunda à l'émissaire de l'ONU Laurent Nkunda a remis le cahier de charge du CNPD a M. Obasanjo, comprenant huit revendications :
1. Négociations directes avec le gouvernement de Kinshasa, Ces négociations se dérouleront à l'étranger et par l'intermédiaire d'un médiateur neutre.
2. La renégociation de tous les contrats signés par le gouvernement congolais avec des entreprises chinoises.
3. Que les forces gouvernementales cessent toute forme de "coopération" avec les rebelles hutus rwandais des Forces démocratiques de Libération du Rwanda (FDLR) qui sévissent depuis 1994 dans l'est du pays.
4. La protection pour toutes les minorités ethniques de RDC.
5. L'intégration de ses combattants au sein de l'armée nationale congolaise( FARDC).
6. L'intégration au sein de l'administration du gouvernement des policiers et fonctionnaires travaillant actuellement en territoire rebelle.
7. La « promotion de la bonne gouvernance » : à savoir la lutte contre la corruption.
8. Enfin, il a demandé pour lui-même "un travail dans l'armée, quand toutes les demandes du CNDP auront été satisfaites" . Laurent Nkunda et M. Obasanjo se sont rencontrés dimanche matin pendant près de deux heures dans le fief rebelle de Jomba, dans le Nord-Kivu, à 80 km au nord-est de la ville de Goma, chef-lieu de la province. Aucun des émissaires internationaux qui se sont succédé ces dernières semaines en RDC n'avait jusqu'à présent officiellement rencontré le chef rebelle, qui plus est dans ses terres du Nord-Kivu. De son côté, l'émissaire de l'ONU a amené le CNDP à approuver plusieurs points: d'abord "la mise en oeuvre d'un cessez-le-feu durable", qui reste pour l'instant largement ignoré sur le terrain. MM. Nkunda et Obasanjo ont décidé à ce propos de "la création d'un mécanisme de vérification tripartite comprenant un représentant des FARDC, du CNDP et une troisième partie acceptée" par les belligérants. La rébellion s'est engagée à "l'ouverture et au respect de corridors pour permettre l'accès de l'aide humanitaire" aux dizaines de milliers de déplacés. M. Obasanjo a obtenu de M. Nkunda qu'il le reconnaisse "comme médiateur dans la crise", et un accord de principe pour que de possibles futures négociations entre le CNDP et le gouvernement se déroulent à Nairobi.
Laurent Nkunda lâche finalement son vœu
Par Alexis Bemba Bondo Mukele
Pour Laurent Nkunda,
Le Tutsi est un peuple « spécial » qui a droit à un statut « spécial » au Congo…
La raison de son combat.
Ceux des Congolais, naïfs, qui croient soutenir un mouvement national de Laurent Nkunda qui veut prendre le pouvoir à Kinshasa pour défendre le peuple congolais, doivent déchanter pour avoir été servis à la suite de l'analyse d'une journaliste de radio Première de la Rtbf, ce matin 13 novembre 2008, qui a repris la thèse essentielle de tout le temps du criminel du Nord-Kivu. A la question du présentateur de savoir que veut Nkunda, la réponse fuse sans atermoiement : il veut un statut « spécial » pour son peuple, Tutsi, « spécial » par rapport à d'autres Congolais. Voilà qui est finalement bien dit. Laurent Nkunda a repris à son compte les revendications rwandaises qui déstabilisent l'est de la RD Congo pour faire la chasse aux Hutu rwandais, à la base du génocide dans leur pays en 1994. Et comme la communauté internationale s'est faite adepte du fonds de commerce rwandais, à savoir le génocide, les Congolais doivent craindre le pire, la perte d'une partie du territoire congolais où les Tutsis vivraient seuls chez eux, sans la présence d'une autre ethnie congolaise. C'est la proposition finale de Laurent Nkunda.
En fait, un peuple spécial, d'une ethnie spéciale ne peut s'encombrer de la présence d'autres ethnies qui constituent pour eux des peuples de seconde zone. Celle-là a toujours été la ligne de conduite de Paul Kagamé. On peut, à partir de ce constat comprendre qui est génocidaire et qui ne l'est pas ; qui veut effacer les autres et qui ne le veut pas. C'est du racisme pur, sans faux-fuyant. Pour vivre en paix en RD Congo, veut insinuer Nkunda, les Tutsis congolais doivent disposer d'un espace où ils seraient avec la nature, éloignés d'autres ethnies. C'est aussi ce qui justifie les massacres à grande échelle des autres populations congolaises afin de créer un espace exclusif aux Tutsis qui, faut-il le rappeler et n'en déplaise à Nkunda, ont toujours vécu en symbiose avec les autres Kivutiens ou mieux, avec les autres congolais.
Mais, lorsqu'un auditeur demande à Louis Michel, au cours de la même émission, s'il n'y a pas lieu de condamner les velléités de Laurent Nkunda, il condamne, à raison d'ailleurs, le discours stupide de Nkunda qui veut aller jusqu'à Kinshasa puisque son mouvement serait national dans sa tête . Car aucun congolais digne de ce nom n'ignore qui il est et qui se cache derrière son combat. Si d'une manière générale, l'intervention de Louis Michel a soufflé le chaud et le froid, il a laissé certains Congolais sur leur soif lorsqu'il a déclaré : « Nous évoluons de manière démocratique dans ce dossier». . Il n'a pas expliqué à l'opinion belge comment les régimes démocratiques du monde s'accommodent- ils des cruautés d'un Chef rebelle alors que toutes les rébellions en Europe n'ont jamais eu de soutien? Comment les régimes dits démocratiques comprennent qu'un groupe ethnique donné puisse se décider de prendre des armes pour massacrer d'autres populations, tout simplement puisqu'il parle une autre langue ou dialecte que les autres ? Comment peut-on comprendre qu'un groupe ethnique donné, vivant au milieu des milliers d'autres ethnies, peut-il se croire supérieur aux autres au point d'exiger un statut spécial, sans une condamnation énergique de la communauté internationale ? Quel régime démocratique, en Europe, compose ouvertement ou en catimini avec l'ETA ou les Indépendantistes corses qui se battent tous les deux pour l'indépendance de la Basque, en Espagne, et de la Corse, en France? Pourquoi alors ce qui est condamnable en Europe devrait être accepté ou toléré en Afrique, en général, et en RD Congo, en particulier ? A moins que ce soit juste une manière d'adhérer à ce vieux principe chinois de politique étrangère selon lequel « la meilleure manière de tenir en respect les peuples barbares est de les pousser à s'entretuer indéfiniment dans des guerres intestines [1] ».
Joseph Kabila n'ayant pas fait confiance à l'Occident après les élections, à la suite des contrats signés avec la Chine, il fallait allumer le feu, avec les mêmes acteurs déjà à leur solde, le Rwanda et l'Ouganda. Et pour en faire à une affaire congolo-congolaise, on a utilisé, comme toujours des Congolais de paille, comme ce furent les cas du Rcd, Rcd/KML, Mlc, ou l'Afdl afin d'endeuiller davantage la RD Congo, avec le soutien des mêmes pays voisins. Les écrits de Colette Braeckman à ce sujet sont éloquents. Elle avait prévenu des sanctions possibles contre Joseph Kabila pour son ingratitude vis-à-vis de l'Occident qui avait pris à bras le corps l'organisation du dialogue inter congolais, de la transition ainsi que des élections qui l'ont porté au pouvoir en 2006. Le choix de la Chine avec des contrats mirobolants a été un élément déclencheur de la crise actuelle.
La journaliste du quotidien belge Le Soir disait exactement ceci, le 29 octobre 2007 : « Tous les Congolais sont persuadés du fait que la montée en puissance de Nkunda, la publicité dont il bénéficie en Occident, sont surtout l'expression d'un rappel à l'ordre adressé au président Kabila : c'est la Monuc (financée par les Etats-Unis) qui a contribué à la pacification du pays, ce sont les Européens, et les Occidentaux dans leur ensemble qui ont financé l'exercice électoral le plus coûteux de l'histoire, dotant le pays d'une constitution et d'institutions légitimes. Ces grands acteurs se sentent frustrés par l'irruption du nouveau venu qu'est la Chine. Les jours à venir diront si le président a réussi à convaincre ses interlocuteurs occidentaux du fait que dans son vaste pays aux innombrables richesses, il y a place pour tout le monde ou s'il risque d'être sanctionné par rebelles interposés pour avoir exercé, comme son père avant lui, un certain « devoir d'ingratitude » et une évidente volonté de souveraineté. Avec cette différence que lui, il a été élu et qu'il a pris des engagements auprès de sa population [2] …»
Les Congolais, à la lecture de ce message prémonitoire, doivent finalement savoir qui fait et pourquoi les uns et les autres tiennent parfois des discours alambiqués, s'interdisant toute condamnation énergique de Laurent Nkunda dans la partie orientale du pays. Laurent Nkunda est donc la fabrication de ceux qui en veulent au poulain d'hier, Joseph Kabila, à la suite de ce devoir d'ingratitude, qui l'a amené à tourner le dos à ses protecteurs traditionnels pour embrasser l'ogre chinois qui passe de nos jours pour le rival dangereux et inévitable du monde occidental.
C'est sans doute pour cette raison qu'aucun de ces mouvements rebelles n'ait reçu les faveurs des Congolais qui avaient déjà opté pour une accession au pouvoir par toute autre voie que les armes, comme l'ont stipulé les différentes résolutions de la Conférence nationale souveraine, Cns. Le seul mouvement rebelle à avoir eu l'aval du peuple congolais demeure, malheureusement, le « conglomérat d'aventuriers et d'opportunistes » de l'Afdl pour avoir suscité l'espoir de la mise à l'écart du régime mobutiste qui ne voulait pas l'application des accords de la Cns. Certainement que si Mobutu, entouré entre autre de Ngbanda et autres, s'était fait violence, en acceptant de se considérer comme tout citoyen et de partager le pouvoir avec l'opposition, la RD Congo vivrait actuellement une autre époque.
Irresponsabilité réciproque. Les différentes déclarations faites par les protagonistes au sujet des exactions commises sur les populations sont claires. En réalité, si les Fardc pillent les populations qu'ils sont sensés protéger, il faut, certes, leur imputer la faute, mais il serait prudent de l'attribuer plus précisément à ceux qui sont assis autour de la mangeoire nationale à Kinshasa , à savoir Joseph Kabila et ses gouvernements, comme étant les principaux instigateurs indirects de ces exactions . Pour la bonne et simple raison que ces actes réprobatoires et condamnables sont le fait de l'incapacité du gouvernement congolais de mettre les soldats au front à l'aise, en leur dotant du minimum nécessaire pour leur survie durant les combats. Alors qu'ils privilégient l'option militaire pour mettre fin aux massacres des Congolais par Laurent Nkunda et sa bande du Cndp, ils devraient disponibiliser les moyens nécessaires pour atteindre l'objectif qu'ils se fixent. Il semble que les moyens suivent, mais entre le décaissement et soldat, 80% des montants prennent une destination inconnue, chacun se sert entretemps. Un exemple qui choque : 100.000 dollars auraient été débloqués à Kinshasa pour l'opération de l'est ; à l'arrivée, le commandant au front n'a reçu que 5.000 dollars.
Pour une fois, le premier ministre Adolphe Muzito a déclaré les actes de pillage et de vandalisme commis par certains éléments des forces armées déployés dans l'Est du pays de honte et les détournements massifs des fonds destinés aux militaires par leurs officiers de crime contre la République et d'humiliation pour le pays. « Très choqué, le Premier Ministre a indiqué qu'il fallait y mettre rapidement fin, d'une part en restaurant la discipline dans les rangs et, de l'autre, en sanctionnant sévèrement les coupables. C'est la mission qu'il a assignée à ses interlocuteurs (ndlr Ministres de la Défense, de la Justice et l'Auditeur général des Fardc) de mercredi à la Primature [3] ».
Ainsi donc, si les Fardc, ce qui est déplorable et malheureux bien entendu, pillent pour la survie, à cause de la mauvaise gestion de la guerre par le gouvernement congolais et des détournements de fonds dans la chaîne de commandement, les hommes de Nkunda dont on dit être mieux organisés et disciplinés, ne le font pas pour se nourrir, le Rwanda et les multinationales subviennent à leur besoin, mais dans le seul but de disposer d'un territoire où ils vivraient seuls, le nombril tourné vers le Rwanda qu'ils considèrent comme leur réelle mère-patrie. C'est la réalité qu'il nous faut savoir et dire. Contrairement aux déclarations de Nkunda et les siens, ce ne sont pas les autres Congolais qui en veulent aux Tutsis, les preuves existent pour prouver le contraire, ce sont plutôt les Tutsis, heureusement pas tous, mais ceux qui sont instrumentalisé s par le Rwanda comme Laurent Nkunda, qui veulent se croire au-dessus des autres peuples congolais, qui se croient être un peuple « spécial » devant avoir un statut « spécial ». Ils ne l'auront pas, clament les Congolais, toutes tendances confondues, qui ne sont pas prêts d'hypothéquer une seule portion du territoire congolais pour juste contenter un peuple qui n'est martyrisé, en RD Congo, par personne.
Au cas où le contraire pourrait arriver, la communauté internationale aura créé un fâcheux précédent puisque tôt ou tard, les Congolais se battront pour récupérer cette portion de territoire qu'elle veut attribuer à ces « spéciaux » citoyens, lorsque la RD Congo retrouvera sa place dans le concert des nations, avec des dirigeants qui ne seront pas nationalistes de nom, des voleurs professionnels construisant des immeubles à l'étranger avec l'argent de la république, mais au service de cet espace commun nous léguer par nos ancêtres. Comme il convient de s'en rendre, Laurent Nkunda et la bande à son service doivent savoir que ni la RD Congo, ni le Nord-Kivu, ne sont à vendre ou à coloniser. Leur survie passe par leur implication dans la vie du pays au même titre que tous les autres Congolais. Les Tutsis congolais sont suffisamment mieux représentés dans toutes les institutions de la république qu'ils n'ont plus droit à d'autres privilèges. Ils ne seront pas en RD Congo un peuple « spécial » ; ils n'auront pas non plus un « statut spécial », pour n'avoir jamais été « génocidés » par les autres Congolais.
On ne le dira jamais assez. La problématique Fdlr ne devrait nullement être le fait des seuls Congolais, mais de tous les protagonistes à la base de leur arrivée en RD Congo. Il s'agit du Rwanda qui avait fait de la chasse des anciens Far, Interhamwe et des Fdlr actuels sa priorité et qui n'est pas pour leur retour à domicile ; de la communauté internationale et de la France pour avoir imposé leur présence au Congo , et surtout à la suite des contrats chinois signés par Joseph Kabila qui ont relégué les anciens partenaires à un rôle secondaire ; et in fine, de la RD Congo, pour les avoir, non seulement acceptés sur son territoire, mais aussi instrumentalisé s lors des différentes agressions du pays par le Rwanda, l'Ouganda et le Burundi, par rebelles interposés. Car, selon leurs différentes déclarations, les Fdlr ne demandent qu'à rentrer chez eux, au Rwanda. Le gouvernement congolais a donc l'obligation de poser correctement le problème Fdlr, un faux prétexte des agresseurs, au lieu de se croire capable de le solutionner seul. A moins bien entendu que tout en y trouvant son compte, étant devenue une affaire maffieuse internationale, le gouvernement congolais continue à jouer le jeu rwandais.
[1] Cité par Joseph Shoyaka, « Afrique : Les Bons et les mauvais de l'Occident », publié par Congovista, le 12 mars 2002
[2] Colette Braeckman, « Le dernier acte se joue à Washington », in Le Soir du 29 octobre 2007
[3] Le Phare du mercredi 12 novembre 2008.
CongoOne, Mise en ligne le 15-11-08
MOMENT DE VERITE EN RDC
S'agissant du commercialisme militaire et l'affairisme au sommet de l'Etat meme, le Dr Josué Tundanonga a raison de dire que "nous devons savoir a partir de quel maillon, il y a dysfonctionnement au niveau politique (legislatif et executif) et au niveau des Fardc pour qu'un soldat au front reste 3 jours sans ration alimentaire, pour qu'un soldat au front ait la dissenterie, parce qu'il n'avait d'eau salubre a boire."
Ce que l'opinion doit savoir c'est que l'argent circule, les gros sous decaissés par les Occidentaux circulent pour corrompre les Congolais à ceder une partie de l'est du Congo riche en minerais stratégiques et en terres fertiles aux Tutsi du Rwanda et de l'Ouganda (très surpeuplés) venus au Congo comme des réfugiés. Il y a des Congolais, au pays tout comme dans la Diaspora, qui mordent déjà! Nous les connaissons! La trahison a commencé à Sun City. Mais ces Congolais sont une très pétite minorité.
La guerre qui nous est imposée malgré les accords de Sun City et la mise en place des Institutions montre que le schema des commanditaires de la guerre de 1996 et 1998 schema qui cherche à expérimenter la partition du Congo est toujours à l'ordre du jour et ce n'est pas la mise en oeuvre de la décentralisation retenue dans la constitutuion qui les interesse, Les anglo saxons, commanditaires des guerres en utilisant le Rwanda, qui trouve là à son tour une belle opportunité de réaliser ses propres agendas sont à l'aise de pecher les ressources de la RDC dans les eaux troublées par la main de Nkunda et des troupes rwandaises. Et cela risque d'etre long, comme l'avait prédit Mzee LDK
Joseph Kabila et Adolphe Muzito se trouvent devant un défi historique, le meme defi face auquel Patrice Lumumba et Laurent Kabila se sont trouvés.
Rien n'est donc perdu meme si les Tutsi occupent encore une grande partie du Nord Kivu. Ils sont acculés. Devant Olusegun Obasanjo, Nkundabatware a reconnu ceci:
"Nous saluons cette initiative de paix de l'ONU à travers Mr Obasanjo. Cette une initiative tombe au bon moment parce que nous sommes entrain de perdre beaucoup d'hommes." Voilà!
Il y a un proverbe Bongando qui dit:
“Un perroquet qui vient de loin et se perche sur ton safoutier va couper tous les safous par trousseaux, même les safous qui ne sont pas mures, laissant le propriétaire ventre affameux. Il s'enfoute parcequ'il sait qu'il vient de loin et sait bien qu'il va s'envoler retourner d'où il est venu.”
Se dit des Tutsi que nous avons, par naivété, donné la nationalité Congolaise! Nous les avons donné la main, maintenant, ils veulent tout le bras!
Se dit de Mr Olusegun Obasanjo, qui ne voit que son argent qu'il va empocher comme emissaire de l'ONU et s'enfout meme s'il faut qu'il caresse un terroriste, genocidaire et criminel comme Nkundabatware qui vient de commettre un genocide à Kiwanja, passer les troupes rwandaises en revue, se declarant impressioné par l'ordre et l'organisation qui regnent chez Nkundabatware.
"Obasanjo est un homme sans foi noi loi", comme un ami intellectuel du Nigeria habitant Londres nous a dit aujourd'hui au téléphone après avoir suivi ses déclarations à la BBC.
Voici quelques déclarations tenues par Mr Obasanjo:
"J'epouse totalement le cahier des charges de Nkunda, surtout son souci de proteger toutes mes minorités au Congo." BBC Radio4, 17.11.2008.
Interrogé sur une possible rencontre entre M. Nkunda et le président congolais Joseph Kabila, M. Obasanjo a répondu: "Pas maintenant, j'attends d'autres discussions exploratoires". AFP, Goma, 16.11.2008
"Laurent Nkunda n'est pas un brute, un requin ou un sauvage. Il peut etre persuadé de faire les premiers pas vers la paix. je ne veux pas entendre des mots tels que pression pour convaincre Nkunda à arreter son avance. Je cropis qu'il est un homme raisonable qui peut ecouter et reagir à la persuasion. Je peux juger sur base de ce que j'ai vu en Nkunda apres ma rencontre avec lui aujourd'hui, qu'il n'est pas un brute, un requin ou un sauvage tel que les gens veuelent nous faire croire. Le probleme qui existe au Congo dépuis 1960 ne peut jamais etre resolu en une seule visite. Ce probleme existe encore aujourd'hui et croyez-vous qu'il peut etre resolu au cours d'une seule visite? Oui, si on est Dieu! Les miliciens Hutu doivent etre deguerpis. Peut etre il y a un nouvel élan de la part du Rwanda et de la RDC de le faire". AFP, Londres, 17.11.2008.
Quit aux Congolais de tirer leurs propres conclusions!
Mais nous n'avons pas droit à l'oubli! Voici comment l'Occident a planifié la récolonisation et le patronage de la RDC à travers la MONUC.
Une révélation de Albrecht Conze, Secrétaire Général aux affaires politiques de la MONUC au Magazine Spiegel Online le 17/08/2006
«Comment puis-je expliquer le plan que l'Occident a pour le Congo? C'est comme si l'Occident veut être le parent adoptif de la RDC,» a déclaré Conze qui prévoit le retour du patronage de l'homme blanc sur le Congo, une colonie belge jusqu'à 1960.
«Ça ne sera pas facile du tout!», a-t-il reconnu. «Le soutien à ce plan devra venir du Conseil des sages noirs Africains une autre idée tramée par les gouvernements Occidentaux. Le plan consiste à utiliser les politiciens Africains et anciens chefs d'Etat bien connus, comme l'ancien Président Mozambicain Joaquím Chissano et son collègue Béninois Nicéphore Soglo [et Mbeki ou Obasanjo?] pour rendre la politique occidentale sur le Congo concoctée à l'étranger acceptable aux Congolais», a déclaré Conze.
Antoine lokongo
lokongo@yahoo.com
posté le 16 novembre 2008 | catégorie actualité
« Talk and fight », négocier et combattre. De préférence en même temps. Cette tactique, revendiquée naguère par le président ougandais Museveni est plus d'actualité que jamais dans l'Est du Congo : alors que le nouvel émissaire de l'ONU, Olusegun Obasanjo s'entretenait avec le chef des rebelles Laurent Nkunda, de violents combats étaient à nouveau engagés du côté de Kayabayonga, une localité stratégique. Kayabayonga en effet verrouille la route qui, à travers le nord de la province, mène à l'Ouganda et permet l'acheminement des secours aux déplacés.
Avant de se rendre à Jomba, le fief de Nkunda, Obasanjo, un ancien président du Nigeria qui a toute la confiance des Américains, s'était entretenu avec le président Kabila et avait soulevé l'hypothèse d'une négociation. Même si l'Assemblée nationale congolaise privilégie une voie pacifique, le pouvoir congolais, s'appuyant sur sa légitimité issue des élections de 2006, avance que trop de concessions accordées à Nkunda (comme sa réintégration dans l'armée ou l'intégration au gouvernement de personnalités politiques ayant son aval) représenterait un encouragement à tous les chefs de guerre potentiels…
Sur le terrain cependant, l'armée gouvernementale souffre de graves handicaps : elle a déployé au Nord Kivu 26.700 militaires, dont 12.000 soldats issus des brigades intégrées (c'est-à-dire des militaires issus des divers groupes armés, brassés et formés par des pays amis dont la Belgique) et ces troupes n'ont pas tenu le choc face à des rebelles dont beaucoup ont «fait leurs classes » au sein de l'armée rwandaise . A Kayabayonga par exemple, un premier mouvement de panique des forces gouvernementales a été provoqué par… un simple SMS adressé à leur commandant, annonçant l' arrivée imminente des rebelles ! Bien qu'ayant été formée et encadrée par la Monuc, la brigade, au sein de laquelle se trouvaient de nombreux anciens combattants de Jean-Pierre Bemba s'est délitée, se livrant à des pillages et des exactions…A Kinshasa le porte parole de l'état major a assuré que la plupart des soldats s'étant livrés à des pillages avaient été arrêtés et qu'ils comparaîtraient devant la cour militaire. Le malaise est cependant plus profond. Non seulement les soldats touchent une solde insuffisante (42 dollars par mois contre dix voici trois ans) mais des fonds destinés à l'armée subissent ce que l'on appelle des « opérations retour », où les montants envoyés dans l'Est pour soutenir l'effort de guerre sont détournés à la source ou… renvoyés chez des généraux qui mènent grand train à Kinshasa. Ce phénomène n'a pas échappé aux alliés du Congo : lors de la réunion des pays d'Afrique australe, qui s'est tenue le week end dernier à Johannesourg et où le président Kabila a demandé l'appui de ses alliés, des propos jugés « humiliants » pour les Congolais ont été tenus : «vos officiers sont des bourgeois, ils restent en arrière et s'achètent de belles voitures, et vous voudriez que nous allions au front à votre place » ont déclaré Angolais et Zimbabwéens en posant des conditions à leur éventuelle intervention . Le nouveau commandant en chef des forces de la MONUC, le général sénégalais Babacar Gaye, n'a pas dit autre chose. Revenant d'une tournée dans l'Est, il a assuré à l'AFP que l'armée congolaise « dans une situation difficile » avait besoin d'une sérieuse « remise en ordre », précisant « il faut éviter que des militaires fuient parce qu'on leur a annoncé une attaque mais aussi éviter que d'autres, sans coordination, se lancent dans des contre attaques » (comme cela a été le cas récemment près de Goma.) Ajoutons que les déplacements incessantes de 250.000 civils, terrorisés par les échanges de tirs, compliquent les mouvements militaires, aggravent le terrible bilan humain et ajoutent encore à l'impression générale de chaos…
COLETTE BRAECKMAN, LE SOIR 17/11/2008
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